Lecture analytique de De Oratore, ligne 30-33, Cicéron
Cicéron
est un auteur latin du Ier siècle avant J-C (-106 ; -43), une figure
emblématique de la culture romaine et un fervent républicain. Il a écrit des
plaidoyers come « pro Archia », des discours politiques comme les
« Catilinaires » et les « Philippiques », des ouvrages
philosophiques, des ouvrages sur l’amitié comme « de Amicite » et
enfin des ouvrages sur l’art oratoire comme « de Oratore » qu’il
écrivit en -55. Ce texte se présente sous la forme d’un dialogue et dans le
passage que nous allons étudier le narrateur est Crassus, un grand orateur de
la génération qui a précédé Cicéron et à travers lequel il défend ses propres
idées.
En
quoi ce passage illustre-t-il les pouvoirs de l’éloquence ?
I)
Un
éloge de l’éloquence
1)
Relevé
des adjectifs qualifiant l’éloquence
-
Praestabilius :
plus avantageux
-
Mirabile :
admirable
-
Jucundum :
agréable
-
Potens :
puissant
-
Magnificum :
magnifique
-
Regium :
royal
-
Liberale :
libéral
-
Munificum :
généreux
-
Necessarium :
nécessaire
Tous ces adjectifs
ont un sens mélioratifs, le praestabilius est même au superlatif. D’après ces
adjectifs, l’art oratoire à trois grands aspects : d’abord politique et
social avec « potens », « regium », « liberale »,
« necessarium », ensuite esthétique : « jucundum »,
« magnificum », et enfin morale : « magnificum »,
« munificum », « mirabile ».
ð
Cicéron
fait donc un éloge dithyrambique.
2)
La
justification de l’éloge
Dans le paragraphe
2, ligne 17 : la parole distingue l’homme de l’animal. En effet la parole
permet l’expression de la pensée, aussi la communication est nécessaire au
progrès et donc la parole a permis de passer de l’état sauvage à l’état
civilisé. La parole c’est l’homme. Celui
qui parle mais surtout celui qui sait parler d’une belle manière apparait comme
un héros.
Quand l’éloquence
est fondée sur la persuasion, elle peut être destructive.
3)
Cicéron
fait une réflexion philosophique et politique
Selon Cicéron la
morale est la première chose que doit posséder un orateur. Il leur faut donc
leur donner un enseignement moral. La vertu est supérieur à la technique
II)
Un
texte qui met en œuvre les ressources de l’éloquence pour illustrer
l’efficacité
1)
L’art
de convaincre
Le raisonnement
construit est organisé. On a une première partie dans laquelle il fait l’éloge
de l’éloquence, puis une seconde partie dans laquelle il justifie cet éloge.
2)
L’art
de persuader
Il utilise de
nombreux procédés stylistiques :
-
Utilisation
des adjectifs mélioratifs pour qualifier l’éloquence
-
Implication
du lecteur à travers le « mihi videtur » (l. 1) et aussi avec les questions
rhétoriques
-
Utilisation
de procédés anaphoriques qui insistent le : « tam quam »
-
Jeu
sur les rythmes avec de rythmes ternaires et une période oratoire structurée
par les « tam quam » qui forment trois groupes. Il varie aussi les
modalités de phrases
-
Chiasme
(l. 2) qui souligne le pouvoir sans limite de la rhétorique.
-
Assonance
en « o » et en « a » (l. 8)
-
Utilisation
aussi de nombreuses hyperboles
ð
Cicéron
cherche à illustrer l’éloge de l’éloquence. Il y a une adéquation entre le fond
et la forme. Il a une pensée moderne : la parole fait l’homme, pensée qui
serait reprise au XVIIème avec « la parole est le propre de
l’homme ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Publier un commentaire :