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Introduction : Virgile (70 – 19 av J-C) est un auteur romain qui a
écrit l'Énéide, les Bucoliques et les Géorgiques. Ce dernier est un poème didactique qui
traite des différentes activités agricoles : la culture, l’élevage, la
viticulture et l’apiculture. Il a été influencé et inspiré par Hésiode et par
son œuvre les Travaux et les Jours. Comme chez Hésiode dans son ouvrage,
Virgile introduit dans son poème le mythe des 5 races, qui devient le mythe des
4 âges. L’extrait étudié relate le glissement vers l’âge de fer. Virgile en
donne une image originale.
Quelle est l’originalité de cette évocation de l’âge
de fer ?
I. Les éléments
traditionnels du mythe (vers 1 à 9)
1. L’idéalisation des âges antérieurs
On retrouve des
thèmes communs avec le mythe d’Hésiode. Au vers 1 avec « nulli
subigebant arva coloni » souligne l’absence de travail. Le vers 2 et 3
« ne signare quidem aut partiri limite campum fas erat : in medium
quaerebant » souligne l’absence de propriété privée. L’absence de contrainte
est montré par la multiplication de termes négatifs : « nulli » (vers 1)
; « ne quidem » (vers 2) ; « nullo » (vers 4). Le vers 4
met en avant abondance naturelle grâce à « omnia liberius » grâce à
l’enjambement.
On retrouve
bien l'idéalisation des âges antérieurs.
2. Dégradation lié à l’âge de fer
Viennent
ensuite les éléments qui marquent la dégradation.
Dans « ille
malum » (vers 5), le ille qui renvoie à Jupiter est tout de suite
suivit par "malum", un terme à connotation péjorative. Cela
donne l'impression que le mal est apporté par Jupiter.
On a également
un lexique dépréciatif. Tout d’abord « virus serpentibus addidit atris
praedarique lupos jussit » (vers 5 à 6) met en avant les dangers provoqués par des bêtes sauvages qui dans l’imaginaire collectif suscite l’effroi. Ensuite les vers 5 à 6 « pontumque moveri » mettent en avant un monde instable. Enfin les verbes aux vers 7 à 8 : « decussit », « removit », « repressit », donne l'idée d'une privation avec les préfixes -re accentué avec le préfixe -de qui met en avant l'idée d'un recul. Cela souligne la privation de ce qui fait la douceur de la vie à savoir le miel « follis », le feu « ignem », et le vin « vina ».
praedarique lupos jussit » (vers 5 à 6) met en avant les dangers provoqués par des bêtes sauvages qui dans l’imaginaire collectif suscite l’effroi. Ensuite les vers 5 à 6 « pontumque moveri » mettent en avant un monde instable. Enfin les verbes aux vers 7 à 8 : « decussit », « removit », « repressit », donne l'idée d'une privation avec les préfixes -re accentué avec le préfixe -de qui met en avant l'idée d'un recul. Cela souligne la privation de ce qui fait la douceur de la vie à savoir le miel « follis », le feu « ignem », et le vin « vina ».
Nous sommes
donc dans une période de dégradation où Jupiter prive l’Homme des plaisirs. On
est dans la vision traditionnelle du mythe, mais déjà on a des indices avec le
rapprochement de « Ille » et de « malum ». L'indication de ce qui
est considéré comme un mal ne l'est pas vraiment. En effet « Ille malum »
crée un paradoxe entre le « ille » mélioratif et le « malum »
péjorif.
II. Une réécriture
originale qui fait de l’âge de fer, l’âge du progrès (vers 9 à 22)
1. La difficulté oblige les Hommes à exploiter leurs
facultés pour dominer le monde
Ce passage à
l’âge de fer est ensuite présenté comme une chance pour les hommes car la
difficulté les oblige à exploiter leurs facultés pour dominer le monde. C’est
la thématique qui apparait vers 9.
Tout le passage
est introduit par « ut » la conjonction de subordination de but qui
compense les verbes de la première partie car certes il y a des privations mais
que ces dernières ont un but.
Au vers 9, « meditando
» est mis en valeur par sa place au milieu du vers, il sépare deux termes « varias
» et « artes » pour exprimer l’étendu de ces technique et leur
diversité.
Ensuite
aux vers 10 à 18, on a l’énumération et développement de ces « artes » :
-
vers 10 : on a le développement des cultures et de l'agriculture
-
au vers 11 : on a la maîtrise du feu
-
au vers 12, la maîtrise de la navigation
-
des vers 13 à 14, la maîtrise de l'astronomie.
-
des vers 15 à 16, la maîtrise de la chasse
-
vers 17 à 18, la maîtrise de la pêche
-
vers 19 à 20, la maîtrise de la métallurgie
Le vers 21
« tum variae venere artes » reprend et clôt
l'énumération de ces différentes techniques.
L’anaphore du
« tum » souligne l’accélération du progrès technique. Grâce
aux techniques les Hommes parviennent à maitriser les 4 éléments, la terre, le
feu, l’eau, l’air. On aboutit à la dernière phrase, une maxime, une sentence
qui met en valeur « improbus » qui rappelle la difficulté avec l’enjambement
et aussi « vicit » qui rappelle les valeurs positives de l’Age de Fer. Cela
reprend l’idée majeure du passage : le passage à l’âge de fer est un mal
pour un bien et permet le triomphe de l’humanité par les hommes grâce à la
nécessité du manque.
2. L’âge de fer un défi pour les Hommes et pour le
poète
C’est un défi à
la fois pour les Hommes mais aussi pour le poète qui doit rendre agréable et
montré la beauté du progrès et des techniques, qui sont assez rébarbatifs. On a
donc une fusion entre des termes techniques avec des termes poétique.
On trouve comme
vocabulaire technique : « sulcis » (vers 10) ; les noms des étoiles
renvoient à l’astronomie « Pleiadas, Hyadas, claramque Lycaonis Arcton »
(vers 14) ; « laqueis » (vers 15) ; « funda » (vers 17) ; « cuneis
» (vers 20) ; « fissile lignum » (vers 20).
Ce
vocabulaire technique est lié au lexique poétique comme les noms des étoiles
qui renvoient à la fois à l’astronomie et à la mythologie, vers 12 : métonymie
de « aulnos » qui remplacent les bateaux et la personnification du
fleuve « fluvi sensere » (vers 12) ; Au vers 15 à
16, on a un jeu sur les sonorités [k] rythmant le vers « laqueis
captare / visco / conibus / circumdare » ; vers 17 -18. Les termes qui
renvoient à l’eau appartiennent au vocabulaire poétique : « alta » (vers
18) ; « pelago » (vers 18). Au vers 19, l’allitération en « r » mime le
bruit de la scie et donc souligne la rigidité du fer : « ferri
rigor ».
Pour le poète
l’âge de fer est l’occasion de montrer sa capacité de dégager la poétique et la
technique.
3. Les Hommes parviennent à se libérer de la tutelle
des Dieux
Les Hommes
parviennent à se libérer de la tutelle des Dieux, celui en question dans ce
texte est jupiter : « Jovem » (vers 1) et « Ille » (vers 5). Sa
présence est très marquée au début du texte avec les noms placés au début des
vers qui sont sujets des verbes comme par exemple « addidit »
(vers 5), « jussit » (vers 6). Cela le met en valeur et le
montre comme un dieu tout puissant qui commande tous les éléments. Mais à
partir de la ligne 9, Jupiter disparait et tous les sujets et les verbes
renvoient aux Hommes comme par exemple : « navita tum stellis
numeros et nomina fecit ».
Finalement
Jupiter a décidé de laisser les Hommes maître de leur destin. Il y a donc un
éloge de Jupiter, présenté comme un dieu paternel.
Conclusion : On a une réécriture qui certes reprend certains invariants du mythe
notamment au début mais c’est aussi une réécriture où Virgile exprime une
vision du monde originale puisque le travail devient l’occasion pour les Hommes
d’exercer leur emprise sur le monde. On peut rapprocher ce texte à un courant
de pensée romaine : le stoïcisme. Derrière cette réécriture, il y a
également un enjeu politique dû à la fin d’une période de troubles, avec la
guerre civile (-36 à -31) entre Auguste et Antoine et le principat d’Auguste.
Et Virgile, protégé d’Auguste, participe à sa manière à la restauration des
valeurs traditionnelles entreprit par Octave (Auguste).
oui
RépondreSupprimerUn commentaire assez intéressant mais qui manque néanmoins de profondeur au niveau de l’analyse et des procédés stylistiques comme l’analyse des sons et de l’aspect de certains temps.
RépondreSupprimeroui
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