Le Sacre de Napoléon, Jacques-Louis David (Histoire des Arts)



I/ Introduction

J’ai choisi de vous présenter ce tableau représentant Napoléon, car tout d’abord il est en rapport avec le sujet : Art, État, Pouvoir. Ce tableau est, en effet, un art, il sert l’État et permet de renforcer le pouvoir de Napoléon.

II/ Présentation

« Le sacre de Napoléon » est une huile sur toile* de Jacques-Louis David. Ce tableau a été peint de 1806 à 1807 et mesure 9,31m. x 6,10. Il est exposé au Musée du Louvre à Paris.
Le tableau a été commandé par l’empereur Napoléon à la suite de son sacre et du couronnement de Joséphine de Beauharnais. D’ailleurs le titre complet de ce tableau est le Sacre de l’empereur Napoléon Ier et couronnement de l’impératrice Joséphine dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804.
Ce tableau fait partie du Néo-classicisme*.

III/ Le contexte historique

Lors des troubles de la période révolutionnaire (1789-1799), les généraux prennent de plus en plus d’importance. L’un d’entre eux, Napoléon Bonaparte fait un coup d’État le 18 Brumaire 1799 et se fait nommer consul. En se faisant sacrer empereur, le 2 décembre 1804, Napoléon I cherche la légitimité de gouverner la France qui lui manque puisqu’il a pris le pouvoir par la force. Le sacre à lieu à Notre-Dame à Paris.

IV/ L’auteur

Jacques-Louis David est né en 1748 et est mort en 1825.
Formé à l’Académie royale de peinture, il appartient à la petite bourgeoisie (au tiers état). Partisan de la Révolution, il s’engage aux côtés des révolutionnaires dès 1789, il reçoit plusieurs commandes de la part de l’Assemblée nationale, dont le célèbre Serment du Jeu de paume. Député de la Convention, il vote pour la mort du roi. Trop engagé aux côtés de Robespierre, il est arrêté en 1794 après son exécution.
En 1799, il se rallie à Napoléon et devient peu avant le sacre son premier peintre officiel et doit s’exiler à la chute de ce dernier. Il meurt à Bruxelles.

V/ Description de l’œuvre

1/ Les différents personnages présents sur le tableau


1. Napoléon 1er (1769-1821) est debout, en tenue de sacre.

2. Joséphine de Beauharnais (1763-1814) est agenouillée. Elle reçoit la couronne des mains de son mari et non du pape.

3. Maria Letizia Ramolino (1750-1836), la mère de Napoléon a été placée dans les tribunes par le peintre. En réalité, elle n’a pas assisté à la cérémonie pour protester de la brouille de Napoléon avec son frère Lucien. Maria Letizia demanda au peintre de lui attribuer une place d’honneur.

4. Louis Bonaparte (1778-1846) ; au début de l’empire, il reçut le titre de grand connétable. Roi de Hollande en 1806. Il épousa Hortense de Beauharnais, la fille de Joséphine.

5. Joseph Bonaparte (1768-1844) : après le couronnement, il reçut le titre de prince impérial. Puis il fut roi de Naples en 1806 et d’Espagne en 1808.

6. Le jeune Napoléon-Charles (1802-1807), fils de Louis Bonaparte et d’Hortense de Beauharnais.

7. Les sœurs de Napoléon (Élisa, Pauline et Caroline)

8. Charles-François Lebrun (1739-1824) : troisième consul aux côtés de Napoléon Bonaparte et de Cambacérès. Sous le Premier Empire, il occupe la place de prince-architrésorier. Il tient le sceptre.

9. Jean-Jacques-Régis de Cambacérès (1753-1824) : prince-archichancelier de l’empire. Il tient la main de justice.

10. Louis-Alexandre Berthier (1753-1815) : ministre de la guerre sous le Consulat puis maréchal d’Empire en 1805. Il tient le globe surmonté d’une croix.

11. Talleyrand (1754-1838) : grand chambellan depuis le 11 juillet 1804.

12. Joachim Murat (1767-1815) : maréchal d’empire, roi de Naples après 1808, beau-frère de Napoléon.

13. Le pape Pie VII (1742-1823), entouré par les dignitaires ecclésiastiques, nommés par Napoléon depuis le Concordat.
On reconnaît quelques évêques à leurs mitres et, au premier plan, l’archevêque de Paris tenant une croix dans la main. Pie VII est à peine visible, assis sur son faldistoire derrière Napoléon, sa main droite esquissant un geste de bénédiction. Il ne porte ni mitre ni tiare, mais le pallium sur les épaules, cette bande de laine blanche brodée de six croix noires qui était l’un des attributs de la souveraineté des métropolites de l’Église romaine. C’est à cela qu’on l’identifie.

14. Le peintre Jacques-Louis David se trouve dans les tribunes.


2/ Les différents groupes


Toute la lumière du tableau est tournée vers Napoléon et tous les regards sont tournés sur les couronnes qu’il va poser sur la tête de Joséphine. Sur les côtés droit et gauche, la famille de Napoléon et les grands représentants de l’État sont situés dans la pénombre. La foule n’est dessinée que vaguement. Toute la netteté est centrée sur Napoléon, la couronne, Joséphine, mais aussi le pape avachi sur son siège, qui ne porte ni mitre ni tiare et qui fait un signe bref de bénédiction.

VI/ Analyse de l’œuvre

Cet immense tableau est une œuvre de propagande, car il met en scène Napoléon, le valorise et le met en valeur par rapport au pape et aux membres du clergé. Il est le personnage principal, en hauteur, les bras levés, tous les regards tournés vers lui. Le titre est « le sacre de Napoléon » or il est en train de sacrer Joséphine, sa femme.
Le peintre cherche à montre un Napoléon qui se veut le gardien des principes de la Révolution :
  • Il marque sa rupture avec le régime monarchique, car le sacre a lieu à Notre Dame et non à Reims et il se sacre lui-même.
  • Mais il conserve tout de même les insignes « régalia » (couronne, sceptre et main de justice).
Napoléon se met en scène dans un décor inspiré de l’antiquité avec le globe, le manteau rouge des empereurs et la couronne de laurier dénotent la fascination de Napoléon pour l’Empire romain). Il y a également des références à l’Empire de Charlemagne (épée « joyeuse » et aux Mérovingiens (abeilles brodées).
Le pape est en spectateur à la scène, Napoléon n’a pas voulu être couronné par lui. Le pape bénit la scène, assis derrière. Sa présence évoque la réconciliation de la France avec l’Église (depuis le concordat de 1801), mais le pape n’a qu’un rôle de figurant : la religion est soumise à la politique.

Le tableau montre aussi les bases de la société que Napoléon met en place :
  • La présence de hauts dignitaires qui composent la nouvelle noblesse d’empire, une noblesse fondée sur le mérite (cf. la Légion d’honneur) ;
  • L’importance de la famille avec la présence des frères et sœurs de l’empereur. Sa mère, alors fâchée avec lui, est tout de même représentée dans le tableau ;
  • Joséphine, agenouillée, est dans une attitude de soumission face à son mari, comme le stipule le Code civil).

VII/ Point de vue

J’ai choisi de présenter cette œuvre, car tout d’abord il fait partie de mes tableaux préférés. Mais aussi, car il monumental et magnifique. Ces personnages sont représentés parfaitement, on retrouve toute la mentalité et le contexte de l’époque et aussi des personnages qui n’étaient pas présents comme la mère de Napoléon ou le peintre qui s’est rajoutée lui-même sur son tableau.

VIII/Autre œuvre

Jean-Auguste-Dominique INGRES, “Napoléon sur le trône impérial”, 1806

Cette œuvre fut peinte par Ingres. Elle était, au départ, destinée à l’empereur, mais l’œuvre indigna le peuple et fut rachetée par Corps Législatif. Jean-François Léonor Mérimée.
On peut observer sur cette œuvre Napoléon fière, droit, le regard sur. Il est assis sur un trône. Il porte le manteau de sacre. Il tient à la main La Main de la Justice et le Sceptre et nous pouvons voir sur le sol un tapis où est représenté l’aigle, symbole des légions romaines.
Bien que l’œuvre ne fut jamais offerte à Napoléon, on reconnaît que c’est une œuvre de propagande, car Napoléon est peint majestueux et en empereur tel que Jules César.

IX/ Lexique :

Huile sur toile : Procédé de peinture utilisant des pigments mélangés à de lhuile pour obtenir une pâte plus ou moins épaisse et grasse. Cette pâte s’applique à l’aide de brosses sur un support en toile apprêtée montée sur un châssis, ou marouflée sur un panneau rigide.

Néo-classicisme : Le néoclassicisme est un renouveau des styles et de l’esprit de l’Antiquité classique inspiré directement de la période classique. Le néoclassicisme coïncide avec et reflète l’évolution de la philosophie de l’Âge des Lumières.