Français : résumé de Les Gommes d'Alain Robbe-Grillet



Alain Robbe-Grillet, Les Gommes, 1953

Alain Robbe-Grillet :

Alain Robbe-Grillet est un auteur, professeur, réalisateur et scénariste et chevalier de la Légion d’honneur. Il est né en 1922 et mort en 2008. Il se consacre à la littérature à partir des années 50. Il est aujourd'hui considéré comme le principal théoricien du Nouveau Roman, mouvement littéraire des années 50 et 60 En 1963 il écrit de l'essai-manifeste intitulé Pour un nouveau roman qui théorisa ces expériences littéraires. Il a publié une dizaine de romans, dont notamment Les Gommes (1953), Le Voyeur (1955), La Jalousie (1957).

Prologue

C'est le matin, le patron range nettoie son café. Il y a aussi une employée, Jeannette. Très vite apparaît un client, Antoine, que le patron apprécie peu car il est un peu trop fou et exubérant. Il lui parle de l'assassinant d'Albert Dupont, mais le patron lui assure que l'homme qui est en faite Daniel Dupont, est juste légèrement blessé.
Le jour de l'attaque, l'assassin Garinati qui suit les instructions de Bona, est suivit. Dans le bureau de la cible, il oublie d'éteindre la lumière, Daniel Dupont l'aperçoit. Quand Garinati fait feu, il le touche légèrement au bras. Dupont s'enferme dans une pièce voisine et Garinati s'enfuit. Après l'attaque, la vieille Jeanne, qui travaille comme domestique chez Daniel Dupont arrive dans le café où elle demande à utiliser le téléphone qui ne fonctionne plus chez Dupont. Elle appelle un médecin et parle d'une blessure au bras.
Dans le journal, on apprend que Daniel Dupont, grièvement blessé, est décédé sans reprendre connaissance. On retrouve Daniel Dupont à l'hôpital, en parfaite santé, malgré sa blessure. Il parle au médecin de sa décision de passer pour mort et de quitter la région. Dupont est membre d'un groupe. Chaque jour depuis neuf jours, et chaque fois entre dix-neuf et vingt heures, un membre du groupe est assassiné. Dupont demande à Marchat de récupérer des papiers chez lui. Il râle mais accepte.
Le Commissaire Laurent est chargé de l'affaire. Or, les empreintes de l'assassin ne correspondent à aucune connue, il suppose qu'il n'est pas de la région, le cadavre n'est pas examiné et ceux « d'en haut » lui demandent de ne pas s'en mêler. Content de pouvoir faire autre chose, il ne cherche pas d'explication. Garinati remet la faute sur Bona. Plus tard, il reçoit un papier de ce dernier qui lui dit qu'il a raté son rendez-vous avec lui. Bona mentionne un certain Wallas. Garinati croit que Dupont est encore en vie, il ne connait pas la version des journaux. Il pense qu'un autre sera chargé de finir le travail.

Chapitre premier
Wallas est décrit comme un homme encore jeune, grand. Il a pris une chambre au café après le meurtre. Il se promène en ville, examine les rues, les quais... Il parcourt les artères principales. Wallas est un policier, il enquête sur un assassinat politique. Selon les informations qu'ont lui a données, les assassins seraient en fait envoyés par un groupe anarchiste. Quelques fois, il fait référence à Fabius, un policier de grande renommée qu'il connait. Roy-Dauzet, déjà cité, est en fait ministre des affaires intérieures et Wallas travail pour le Bureau des Enquêtes dont les membres sont chargés de surveiller des groupes politiques, religieux, ...
Il se rend à la place de la Préfecture et, en attendant que le bureau ouvre, il va à un café où il lit le journal et achète un gomme à dessin dans une papeterie. Au bureau, il fait la connaissance du commissaire Laurent qui lui apprend que le médecin de Dupont s'appelle docteur Juard. Wallas est étonné quand il apprend que la police a déjà emporté le corps de la victime. Il se rend aussi rapidement compte que Laurent ne veut rien faire et qu'il est seul à enquêter. Les deux hommes font toutes sortes d'hypothèses : le suicide, la femme de Dupont, ... Laurent suspecte même Wallas, lui demande à voir son arme et constate qu'il manque une balle dans le chargeur. Plus tard, le docteur Juard se présent au commissaire. Il s'attend à ce qu'on lui pose des questions et son attitude le rend suspect aux yeux de Laurent. Ce dernier se demande pourquoi Dupont a contacté Juard, qui, même s'il est chirurgien, est d'abord spécialisé en gynécologie. Enfin, avant de partir, le médecin remet au commissaire la balle extraite du corps de Daniel Dupont. Ensuite, on en revient à Wallas qui va chez Dupont et parle à la gouvernante, Anna Smite. Elle dit que son maître était à peine blessé, que le médecin l'a tué. Or, elle n'a pas su apercevoir la blessure de Dupont. Elle montre ensuite à Wallas le revolver de Dupont où il manque aussi une balle. Smite finit ses valises et part chez sa soeur, à la campgne, laissant au policier la clé de la porte de derrière.
Chapitre deux
Bona, ou J.B., ou Jean Bonaventure, trouve que Garinati, qui vient de rater son rendez-vous, car Bona l'a attendu longtemps dans une immuble vide, a beaucoup changé. Il est devenu inquiet et nerveux. On apprend que le groupe dont il font partie se nomme tout simplement l'Organisation. Finalement, Garinati arrive, mais il divague, il n'est même pas au courant que Daniel Dupont est mort. Garinati, aussi chargé de surveiller Wallas, l'a laissé filer. Garinati se demande comment Dupont a pu mourir, il n'est pas certain de sa mort. En fin de compte, il repart à la recherche de Wallas. De son côté, Wallas veut interroger les gens de l'immeuble en face de la résidence de Dupont. Pour cela, il s'imagine comment Fabius s'y prendrait. Il découvre qu'une personne épie tout, madame Bax, et découvre un moyen de la rencontrer. D'abord, elle dit ne rien avoir aperçu. Finalement, elle avoue avoir vu un homme en imperméable. Cet homme a croisé un ivrogne du quartier. Wallas retourne au café où, justement, un ivrogne dit l'avoir vu dans la rue, le jour précédent, jour du meurtre, peu avant la nuit. Mais ce n'est pas possible, car Wallas n'était pas encore en ville. L'ivrogne assure avoir rencontré un homme en imperméable. La patron se met alors à penser que Wallas est le criminel et appelle la police, mais cette dernière ne fait rien en entendant le nom de Wallas. Quand à Bona, il s'apprête à envoyer un nouveau tueur pour continuer la série de meurtres. Du côté de Wallas, ce dernier se rend dans une papeterie où il achète une gomme dont il n'est toujours pas satisfait, ainsi qu'une représentation en carte postale du pavillon de Daniel Dupont. Il aimerait aussi voir le docteur Juard, puis, pour ne pas paraître suspect aux yeux d'un agent auquel il a demandé la direction de la poste, il va à la poste.
Chapitre trois
Le commissaire Laurent imagine que Dupont a maquillé son suicide en assassinat. Mais ça ne colle pas, car il a appelé à l'aide. De plus, Dupont avait un fort caractère, il aurait trouvé le moyen de mettre définitivement et immédiatement fin à ses jours, et il n'aurait pas non plus demandé de l'aide. Seul la thèse de l'assassinat est plausible. Laurent n'a pas non plus de nouvelles de Wallas. Un peu plus tard, il reçoit la visite du dénommé Adolfe Marchat. Il fait des confessions, raconte ce qu'il sait du meurtre, puis il dit qu'il est la prochaine cible, qu'il sera assassiné ce jour. Marchat a entendu les derniers mots de Dupont. Il doit récupérer chez lui des dossiers à remettre à un politicien important. Il sera tué en récupérant lesdits documents et vient donc se mettre sous la protection de la police. En fait, il n'est pas un ami de Dupont, juste une connaissance, il se trouvait là quand Daniel Dupont est arrivé à l'hôpital avec le docteur Juard et il l'a aidé à porter le blessé. Le commissaire ne croit pas son histoire d'organisation. Il croit Marchat fou et Dupont suicidaire. De son côté, Marchat pense que le commissaire est à la solde des assassins. Il croit aussi que Laurent sait que Dupont est en vie, car il croit que Juard est un traitre également. Il jure de ne pas aller chercher les documents, puis se ravise. Wallas se promène, mange, écoute parler des ouvriers. Il boit un café dans un café du coin et se sent comme malade. C'est sa première affaire pour le Bureau des Enquêtes et n'avance pas beaucoup. Il somnole et rêve de sa première rencontre avec Fabius. Wallas s'éveille, puis va à la poste pour interroger les employées, mais, avant de pouvoir faire quoi que ce soit, on le prend pour un autre et lui donne une lettre. On l'a pris pour l'assassin. Alors, Wallas décide de montrer la lettre à Laurent. Ils font des hypothèses. Le commissaire revient avec celle selon laquelle Wallas serait le tueur. Ils se rendent compte qu'ils ne savent pas grand chose. Ce pourrait aussi être le courrier, simplement, d'une personne à laquelle Wallas ressemble. L'expéditeur a signé « J.B. » et la lettre est adressée à « André VS ». La lettre dit que le rendez vous aura lieu plus tôt que prévu et que André VS doit remplacer G. J.B. est un commissionnaire. G. Et André VS sont deux de ses agents. Ils ont opéré hier ensemble dans une affaire qui va se terminer ce soir. Privé du concours de G., le second doit être à pied d'oeuvre plus tôt que prévu pour ne pas être pris par le temps. Wallas imagine la thèse du suicide, puis celle de l'assassinat. Il comprend que Laurent n'accepte pas celle de l'assassinat. Wallas parle d'un complot à l'échelle internationale. Quand il sort du bureau, il va acheter une gomme. C'est alors qu'il se souvient de la femme avec la carte postale de la maison de Daniel Dupont. C'est la femme de Daniel Dupont.
Chapitre quatre
Wallas questionne la femme de Daniel Dupont. Ils n'ont été mariés que deux ans et elle parle de sa vie avec lui. Dupont quittait rarement son bureau et vivait comme un moine, pourtant, il n'était pas du type suicidaire. Lorsqu'elle a appris sa mort, elle n'a été que légèrement choquée. Elle répond à son attitude par le fait qu'elle ne le trouvait pas vraiment vivant, il était toujours dans son monde. Wallas comprend que cet entretient est vain. Quand il s'apprête à partir, un homme entre dans la boutique et achète la même carte que Wallas, avec la photo de la maison de Dupont. Wallas sort, croise l'homme et le suit un moment, avant de le perdre. Il ressasse son échec, puis se fait une raison. Il retourne au bureau où, avec Laurent, il interroge trois employées de la poste. Ils apprennent peu : l'homme porte un imperméable avec un accroc en forme de L et des lunettes dont le verre droit est plus foncé. Ensuite, Wallas consulte un autre rapport, fait pas un nouveau dans la police, où apparaissent deux nouveaux éléments: l'avertisseur de police était hors d'usage et il y avait des traces de pas sur la pelouse. Il apprend aussi qu'en été, un jeune homme rendait visite à Dupont, puis ils se sont disputés. C'est en fait un enfant qu'il a eu avec une autre femme avant de se marier. Le fils voulait de l'argent. Le policier, dans son rapport, évoque également l'hypothèse de la présence de deux assassins : un « petit », supposément le fils de Dupont, et un de ses amis, grand et fort. Wallas imagine la scène, le fils et son ami Maurice. Ce serait la raison pour laquelle Daniel Dupont n'a pas dénoncé le crime, il pensait vivre et régler cette affaire de famille.
On apprend dans ce chapitre que la ville où se déroule le roman est proche de la Mer du Nord. A la capitale, deux hommes discutent. Une des employées interrogées, madame Jean, soupçonne Wallas d'être l'assassin, mais garde ses soupçons pour elle. A la gare, le docteur Juard attend Wallas. Juard lui a fixé un rendez-vous. Finalement, le policier arrive et le médecin lui raconte encore une fois les évènements. Ensuite, Juard rejoint Daniel Dupont à l'hôpital. L'homme attend toujours Marchat. De son côté, Garinati est étrange. C'est lui qui a aussi acheté une carte postale avec une photo du pavillon de Daniel Dupont, à la papeterie de sa femme. Il se rend compte qu'il n'est qu'un élément dans un plan plus large.
Chapitre cinq
Le début du chapitre opère un retour dans le passé. Wallas va à la clinique pour parler au docteur Juard qui lui file sous le nez. Juard convient, par l'intermédiaire de sa secrétaire, de rencontre le policier à la gare.
En attendant, Wallas veut voir Marchat, mais le négociant n'est pas là, un de ses proches serait décédé et il serait parti. L'inspecteur va donc à la gare, il attend sans apercevoir Juard. Finalement, il va dans un petit magasin pour acheter une gomme et il y croise justement Juard. L'interrogatoire ne lui apprend rien de plus.
Wallas retourne donc interroger le concierge de l'immeuble de madame Bax au sujet du soidisant fils de Dupont. Il comprend que le rapport était exagéré et que le jeune homme ne représente aucun danger.
Dans un café, il imagine comment Fabius ferait, à sa place, pour se fondre dans la masse. Mais l'ivrogne aux devinettes l'ennuie, au point qu'il quitte le café. Malheureusement, l'ivrogne le suit jusque devant le pavillon de Daniel Dupont.
De son côté, le commissaire Laurent reçoit une carte postale, avec une photo de la maison de Dupont, anonyme, où il est inscrit d'une écriture de femme : « Rendez-vous à 19h30 ». Wallas arrive, lui raconte ses rencontres, puis lui montre la carte qu'il a lui-même achetée chez la femme de Dupont. A son tour, Laurent lui montre celle qu'il a reçue.
Wallas se souvient que, enfant, il était venu dans cette ville avec sa mère pour y voir son père qu'il n'avait jamais connu.
Après la discussion avec le commissaire, Wallas se rend dans une vieille boutique. Il dit au marchand qu'il se souvient que la marque de la gomme qu'il cherche comporte trois syllabes, dont la syllabe centre est « di ». Elle date d'avant-guerre et le marchand n'en a justement plus. Plus tard, Wallas réfléchit. Il se rend compte que Juard n'a jamais mentionné la présence de Marchat à l'hôpital. La carte envoyée à Laurent serait de Marchat, comme un rappel. Wallas décide donc d'aller chez Daniel Dupont à la place du commissaire, qui, de toute façon, ne compte pas se rendre au rendez-vous, comme Marchat aurait dû faire pour récupérer les dossiers de Daniel Dupont.
A dix-neuf heures, il entre dans la maison, va dans le bureau et regarde la meilleure position que le tueur aurait pu prendre. Il remet même le vieux revolver de Dupont dans la chambre voisine. Laurent, lui, finit par comprendre que Daniel Dupont n'est pas mort, de par les bizarreries du médecin, la blessure étrange, le fait qu'il n'ait pas accès au corps de la victime, ... Il téléphone au café pour avertir Wallas, mais ce dernier est déjà parti. Laurent, grâce à une discussion avec le patron, découvre aussi que le patron a raconté n'importe quoi à son agent et que, en fait, personne ne sait ssi Dupont a un fils.
De son côté, Daniel Dupont se prépare à quitter l'hôpital. Le chauffeur envoyé par Roy-Dauzet est là, mais, comme Marchat n'a pas ramené les documents, il va devoir aller les chercher lui-même, chez lui.
Il se rend donc dans son ancienne demeure, mais, avant d'entrer dans son bureau, il a un mauvais pressentiment. Il va donc chercher son vieux revolver dans la chambre voisine. Il est dix-neuf heures trente et Daniel Dupont entre dans son bureau.
Il braque son arme vers l'inconnu, croyant avoir à faire une fois de plus à un assassin. Wallas, plus rapide, tire. Daniel Dupont meurt alors que Wallas croit avoir tué l'assassin. Il appelle le commissaire Laurent qui lui apprend, trop tard, que Daniel Dupont n'est pas mort.
Épilogue
Wallas est rentré à six heures au café. Garinati, qui continue sa filature, arrive au même café et emande à voir Wallas. Il apprend qu'il est dans sa chambre et part sans le rencontrer. Cette nuit, il a vu le corps de Daniel Dupont à l'hôpital, bel et bien mort. Réconforté, lui qui croyait avoir manqué sa cible, ce qui était, en effet, le cas, il continue sa filature.
André VS, de son côté, a assassiné une seconde personne, un certain Albert Dupont, exportateur de bois. Wallas, après cette histoire, reprendra son ancien poste. Les agents du Bureau, quant à eux, ont une piste dans la capitale.
Analyse de l'oeuvre :
Le titre, « Les gommes », fait tout simplement référence à l'effacement des caractéristiques du roman traditionnel. C'est un des objectifs des écrivains de nouveaux romans. Il faut cependant relever un élément essentiel. Wallas, le personnage principal, est à la recherche d'une gomme spécifique dont on sait seulement que la syllabe centrale est « di ». Jamais Wallas ne retrouvera le mot. Gommé.
Jamais Wallas ne trouvera la gomme idéale. Gommée.
Ensuite pour les symboles : à travers une série d'indices, le lecteur comprend plus ou moins
vite que le mot cherché par Wallas est "OEdipe".
Tout renvoie, en effet, à la tragédie de Sophocle: la structure dramatique du récit (prologue - cinq "actes" - épilogue), l'épigraphe ("Le Temps, qui veille à tout, a donné la solution malgré toi"), ainsi qu'une prodigieuse série d'allusions fragmentaires au mythe, allusions "en abyme" qui, si l'on peut dire, "crèvent les yeux" de qui sait regarder : « Un mot qui ressemble à "enfant trouvé" »; « la rue de Corinthe »; « les ruines de Thèbes »; « Quel est l'animal.» On pense aussi à l'ivrogne au devinettes du café, qui pourrait vraisemblablement être une transposition du Sphinx de Thèbes. Tout renvoie à donc Sophocle, mais également à Freud bien sûr: Wallas est déjà venu dans cette ville, enfant, avec sa mère, pour y rencontrer... une parente ? un homme ? son père ? C'est cette dernière option qui se révèle exacte, Wallas, enfant, était venu en ville avec sa mère pour retrouver son père. Les traces de cette rencontre sont comme gommées, latentes, refoulées dans les profondeurs de l'inconscient. Jusqu'à ce que Wallas, peut-être, prenne brutalement conscience – comme l’OEdipe de Sophocle - que l'assassin qu'il a juré de découvrir n'est autre que lui-même, et que cette découverte lui "crève les yeux". D'un autre côté, l'un des partis pris les plus surprenants de ce roman est de déplacer le narrateur successivement dans la conscience de presque tous les personnages, policiers comme coupables. Et pourtant, bien que le lecteur adopte tour à tour tous ces points de vue, le roman garde le caractère d'une enquête, que le lecteur mène parallèlement au policier, ayant sur ce dernier quelque avance, mais ne possédant pas pour autant dès le départ le fin mot de l'histoire. La trame générale, elle, est connue dès le début, mais d'une façon très lacunaire. Au fur et à mesure de la lecture, les lacunes se comblent parallèlement à l'enquête policière.
Un réel parallélisme est ainsi esquissé entre l'acte de lecture et la résolution d'une enquête policière. Dans les deux cas, un individu doit reconstruire une trame qui lui échappe d'abord à partir des indices qu'il ramasse. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles le pastiche du roman policier est souvent exploité par le Nouveau Roman. L'espace-temps est extrêmement réduit : l'action se déroule dans une seule ville, sur deux jours. L'effet d'enfermement, ou plutôt de mouvement circulaire que Wallas ne cesse de poursuivre et auquel il ne peut échapper, est ainsi appuyé par la répétition des mêmes noms de rues (Boulevard circulaire, rue des Arpenteurs,...), des événements, etc. Le lecteur perd la notion du temps (d'où le clin d'oeil "Si tu confonds hier et aujourd'hui, ça va pas mieux", p 262) et la phrase finale, "autour de lui les spectres familiers dansent la valse..." illustre par l'allusion à la danse ternaire le cycle infini dans lequel les personnages sont enfermés.

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